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Madère Island Ultra Trail 2024

Retour sur l’objectif majeur que nous nous sommes fixés Alexis et mois en fin d’année, participer au MIUT ou Madère Island Ultra Trail. Trail International de renommé mondiale.

C’est après son retour de vacances de là-bas un an avant que l’idée à germer. Bien entendu j’ai accepté et même dans un premier temps proposer de s’inscrire sur le 115 km  et ses 7100D+. Pour une fois la jeunesse a été plus sage que les vieux et nous nous sommes rabattu sur le 85 km et ses 4800D+.

Pour pouvoir participer il fallait une bonne côte ITRA et suffisamment de points ainsi que des courses références de longues distances. Toutes les conditions étaient réunies pour nous deux, il fallait juste être rapide à l’inscription en novembre en plein après-midi de semaine. Autant dire qu’il ne fallait pas venir nous faire chi….au boulot à ce moment-là.  Ouf nous sommes pris tous les deux et dans les 500 premiers.

Il n’y avait plus qu’à se préparer au tant physiquement que logistiquement pour un déplacement  de 10 jours à 4, car nos supportrices étaient du voyage.

Mercredi :Vol jusqu’à Funchal avec une escale à Lisbonne et un peu de retard qui nous fait arriver au milieu de la nuit à notre hôtel.

Jeudi ce sera la récupération de la voiture de location et du « check in »  à Machico où est installée la longue ligne d’arrivée.

Ça y est, cette fois ci, on est bien dans l’ambiance. Récupération des cadeaux, du T-shirt spéciale 15ème édition et du fameux dossard.

Départ à notre camp de base, un joli appartement face à l’océan déniché par Marie à ST Vicente et à 700m de la ligne de départ. Impeccable, on ne pouvait pas espérer mieux.  Restaurants, quelques bières, punchs avec modération surtout pour les garçons et de belles promenades au programme sur la côte nord.

Vendredi balade dans la partie nord-ouest de l’ile et  particulièrement à Porto Moniz ou est donné le départ du 115km à minuit. La pression monte encore d’un cran. Il y a des trailleurs dans tous les coins reconnaissables à leurs bracelets avec des couleurs distinctes en fonction de la distance. Les notre sont bleus.

Vendredi soir l’océan se déchaine et de gros nuages arrivent par le nord. La météo annonce un peu de pluie. Inquiétude supplémentaire. Dans la nuit vers 3 et 4 heures du matin on entend la forte pluie tomber. Je pense au 115km qui est parti à minuit, ça n’a pas été facile pour eux.

Le sommeil à partir de ce moment-là est difficile à retrouver.

Samedi 5h30, on se lève et premier geste, aller sur le balcon pour voir la route trempée et les grosses vagues venir se fracasser sur la plage de galets volcaniques.

Petit déjeuner, puis habillement et control du matériel obligatoire sous peine de pénalités en cas d’absence et de contrôles.

6H30 nous voilà partis rejoindre le départ. Il bruine légèrement et la température est de 8°C. On voit des gars s’échauffer en courant à la lueur des lampes.

6h45 nous sommes dans le sas de départ pas très loin des premières lignes et des Elites encore devant. Le speaker parle en Portugais, Espagnol, Anglais et Français car nous sommes sur l’ensemble des 4 épreuves prêt de la moitié de Français. Au départ du 85km nous sommes 525 coureurs inscrits.

6H55 l’ambiance monte, là on y est pour de bon, les visages commencent à se fermer. On lève les bras et on tape des mains pour s’encourager et faire monter l’émotion…5, 4, 3,2,1 c’est parti….go.

Côté Team CARVALHO ce sera chacun sa course et à son rythme. Je laisse donc partir Alexis dès le début avec un départ en faux plat montant pendant 1,5 km car après on attaque les montées bitumées dans St Vicente.

Le jour pointe derrière les hautes falaises qui entourent la vallée. Les sommets sont recouverts par les nuages et cela n’annonce pas forcément une bonne journée. Les premiers sentiers avec ses escaliers arrivent, puis le tour des « Levada ». Ce sont des canaux d’irrigation creusés dans la roche volcanique il y a 400 à 500 ans pour développer l’agriculture. Très vite on prend du dénivelé et les vues sont tout simplement extraordinaires et magiques avec le levé du jour. Le terrain est détrempé des pluies de la nuit et il faut faire attention à ne pas glisser dans les escaliers tantôt en rondin de bois, tantôt en pierre volcanique. Les battons ont été sortis très tôt car les pentes comme les descentes, sont très, très raides.

Côté ravitaillement c’est le top. Ils sont très bien disposés avec une moyenne de 10 km entre chaque et où l’on peut y trouver tout ce dont un trailleur à besoin en boisson comme en nourriture.

On se régale des yeux, mais sans s’attarder car le terrain est technique et cassant. Il faut rester concentrer à tous les instants sans quoi c’est la faute et la chute directe, ce qui nous arrivera à tous les deux, 2 fois heureusement sans gravité. Car par endroit cela pourrait être dangereux  et entrainer une chute de plusieurs dizaines voire centaines de mètres plus bas. Je n’exagère pas, mais c’est tellement beau. 25ème kilomètre et déjà 1330 de D+

Arrive la descente sur Curral das Freiras qui est belle et  technique. Une descente de 800D- en 4 km.

Un hélicoptère nous survol en vol circulaire au-dessus de nos têtes, ce qui donne encore une autre dimension et une autre ambiance.

3Oème kilomètre, ravitaillement et base vie à Curral das Freiras , le couvent des bonnes sœurs en Français. Je croise Alexis qui en redescend alors que je suis en pleine montée. C’est marrant de se croiser brièvement. Je me dis que je ne suis pas très loin, mais en réalité il y a 20 minutes d’écart à ce moment-là car il faut encore grimper sévère avant le ravitaillement par lui-même. Je mange essentiellement de la banane locale ainsi que du gâteau à base de miel de cannes à sucre.

A partir de ce moment le plat de résistance entre dans la dance, car avant ce n’était qu’une mise en bouche. Il nous faut attaquer la principale difficulté, la montée à Pico Ruivo 1862m et Pico Arieiro 1816m avant de retrouver le ravitaillement Chao da Lagoa. 50ème et 4185 de D+.

Pour y arriver, toujours et encore des escaliers de tous types plus ou moins réguliers.

Dans la forêt d’Eucalyptus la pluie se met à tomber suffisamment fort pour faire mettre le coupe-vent. L’odeur d’Eucalyptus est très agréable et est presque enivrante. A partir d’une certaine altitude la forêt fait place à une espèce de garigue. On se met à longer de haute falaise, mais mon regard se tourne vers les sommets qui on disparut dans les nuages. Je crains que le passage féerique entre les 2 Picos ne soit bouché.  Plus on monte et plus le froid se fait sentir car le vent souffle fort. L’humidité est partout, extérieure comme intérieur, mais le rythme est bon et le moral est au beau fixe.

Le passage entre les 2 picos ont une saveur particulière. On se croirait dans le « Mordore du seigneur des anneaux » Devant, derrière on distingue des silhouettes qui courbent l’échine avec la fatigue, le vent, le brouillard et qui poussent comme ils peuvent sur les battons pour avancer dans ce paysage presque anxiogène.

Au sommet de Pico Ruivo, se trouve dans un refuge le 4ème ravitaillement avec musique pop Rock à fond pour mettre un peu d’ambiance. Certains visages sont fermés car c’est synonyme d’abandons. La liste s’agrandie pour la navette à prendre un peu plus loin au prochain Pico, car il n’y a pas de route accessible. Je mange un peu et je demande même à quelqu’un de m’ouvrir une compote car avec le froid je ne peux pas dévisser le bouchon avec mes mains et même avec les dents. Je ne m’attarde pas trop longtemps car il fait froid.

Les photographes sont là aussi aux sommets depuis des heures à l’abri sous des bâches pour prendre tous les concurrents. Ils m’ont fait un peu de peine car il fallait être courageux là aussi pour affronter les éléments et essayer de faire les meilleures photos possibles là où la corniche ne fait pas plus d’un mètre de large avec le vide de part et d’autre sur des centaines de mètres de haut. Il ne faut pas avoir le vertige, mais en raison du brouillard la sensation est réduite et  autant dire que la vue à 360°C tant vantée par les manuels touristiques est absente. Ce sera mon seul regret, car on était venu aussi pour ça. Pas le temps de s’apitoyer, il faut se sortir de cette nasse pour rejoindre le prochain ravitaillement. Avant cela  un autre passage sur l’autre versant un peu plus à l’abri du vent et sans brouillard va me remplir d’allégresse et me faire oublier un temps la fatigue. Avec une succession de montées et de descentes en escalier ponctuées d’un passage dans un long tunnel piétonnier ou il a fallu remettre la frontale et les vues sur le vide, c’était tout simplement incroyablement  beau et majestueux.

ça il est on attaque la descente et je commence à bien sentir des cuisses. Toujours et encore des escaliers et de toutes sortes. En parallèle par moment des escaliers il y a le chemin fait pas les concurrents précédents que je n’hésite pas à prendre quand il existe.

Le soleil fait presque son retour. Je m’arrête pour enlever mon coupe-vent  et me soulager la vessie car depuis le départ rien. La température redevient acceptable mais pas non plus top, tout comme le terrain qui semble s’aplanir. C’est le moment de relancer ! Hélas très vite les jambes me font vite revenir à la dure réalité, elles commencent à me lâcher. J’enfile un gel coup de fouet.

 

Km 50 ravitaillement de Chao da Lahoa ou j’entends des encouragements qui me réchauffe le cœur. Marie et Fabienne sont là et ça fait du bien. Elles sont habillées comme en plein hiver car il ne fait que 6°C à 1480m. Pour venir nous voir, il fallait montrer au point de filtrage des laissés passer avec nos n° de dossards et ainsi limiter la foule  avec l’interdiction tout de même d’accéder à la zone de ravitaillement. Une autre zone juste à côté est adaptée aux suiveurs officiels. Tout en mangeant j’échange avec elle et demande l’avance l‘Alexis. Marie pour ne pas me plomber le moral m’annonce 20 à 30 mn, mais en vérité ça fait 1h déjà. J’ai les jambes en vrac et la descente est loin d’être terminée car il faut rejoindre le niveau de la mer. Avant de repartir, lucide, je leur annonce que mon objectif de 14h00 ne sera pas réalisable et qu’elles devront m’attendre tard à l’arrivée.

Je repars et toujours et encore des escaliers qui laisseront pendant quelques kilomètres à une piste normal, mais impossible d’accélérer, c’est même le contraire car je commence à avoir pas mal de concurrents qui me double dont des participants du 115km. Aie le moral en prend un coup et encore un autre plus loin quand le brouillard et la pluie s’en mêlent. C’est le retour du Mordor. J’enfile mon coupe-vent, range les bâtons et enfile mes dernières cartouches de gel  rapides. Le terrain devient une patinoire et dans une descente très raide, les appuis se sont dérobés et patatras en une fraction de secondes me voilà sur le dos avec les battons, le sac et les lampes qui me blessent dans le dos contre les pierres. Moment difficile ou je jure de tous les diables. Mais il ne faut pas s’apitoyer sur son sort, il faut avancer et rejoindre le ravitaillement de Portela et un temps plus clair. J’ai du mal à manger et se suis pris de tremblement et la sensation de froid me gagne de partout.

Je décide de repartir rapidement et la  je retrouve des coins magnifiques avec des laveda, des escaliers, des montées des descentes au milieu des bananeraies.

Le moral et les jambes sont revenus et le dernier ravitaillement n’est pas loin. Je me mets à redoubler et à larguer quelques concurrents. Avec les zones d’habitations c’est le retour des encouragements par toute la population et ça fait chaud au cœur.

67ème km Porto da Cruz l’océan et les gens au bord de la route qui vous pousse. Dernier ravitaillement et on repart, on longe la plage avant d’attaquer la dernière montée de 400D+. Les jambes et le moral sont au beau fixe. Je rattrape et double de nouveau, la marche rapide dans l’ascension est efficace. Je remets la frontale car la nuit tombe. Dommage car je ne verrais pas grand-chose de la vue sur la mer sur la corniche. De toute façon je pense aux filles qui m’attendent à l’arrivée et certainement  Alexis aussi. C’est un moment euphorique car je double un paquet de gars isolés qui se mettent dans mon sillage. En me retournant c’est une dizaine de gars et de filles qui me suivent. Mais le doute revient car en principe c’est le signe avant-coureur de la défaillance par expérience.  Quelques kilomètres plus loin ma montre me lâche, mais bon je sais que la fin approche.  La descente arrive et là plus de jambes dans les parties pierreuses et techniques. Les gars me double un par un et me laisse seul dans la pampa. Aie ça fait mal, mais il ne reste que 5 km. Plus de gel dans les poches, et plus d’énergie, la dernière Levada est interminable, j’alterne course et marche sur le plat. Je suis cuit.

J’aperçois la ville en contre bas, puis j’entends la sono. Je me dis c’est pour bientôt et bien non car je vois les frontales d’autres concurrents qui suivent la montagne partir sur la gauche alors qu’il suffirait de descendre à droite. C’est interminable j’ai l’impression que les kilomètres font le triple voir plus. Le moral  est tombé bien bas car j’en arrive à insulter dans ma tête les organisateurs. Une bien mauvaise réaction car c’est superbement bien organisé et quand je tombe sur des signaleurs bénévoles isolés dans a nuit cela me ramène à un peu plus d’humilité et de respect.

Dernière descente bien raide en escaliers arrondis et trempé par la pluie qui m’accueille de nouveaux. Cette fois ci je ne m’arrête pas pour mettre le coupe-vent ça ira au bout comme ça.

Derniers mètres en escaliers, puis la route, la plage, le public, Alexis, Marie la longue arrivée sous les arches. Fabienne m’accompagne en courant à mes côtés avant de me laisser franchir  enfin la ligne.

Heureux d’en avoir terminé et le sentiment d’avoir réalisé un truc de costaud. 16H02 pour 4800D+

219ème /523 et 10ème de ma catégorie.

Petite déception pour le temps horaire et pour la météo, mais la tête pleine de souvenir de paysages grandioses et le cœur chargés d’émotions.

Alexis aura mis 14h11 et  termine 126ème. Bravo.

Un trail magnifique exigeant technique et très cassant. Une organisation au top.

 

Le premier un suisses à mis 8h44, impressionnant. On se demande comment ils font devant. Ça vous remet vite à votre place.

 

 

Voilà la première partie de notre séjour terminer place aux vacances et au relâchement pour pouvoir profiter autrement des charmes de l’Hawaï ou de la petite Réunion de l’atlantique.

 

Bravo aux Ultra lecteur qui sont allez au bout de cet Ultra commentaire.

 

Gus

 

 

 

LALAU, PATRICK BESACIER and 5 other users have reacted to this post.
LALAUPATRICK BESACIERNICOLAS DEMAGNYCHRISTIAN DURYGILLES RAMAINMICHAEL SPITERIBRUNO VALENTIN

Merci Gus pour ce magnifique compte-rendu et encore bravo pour votre performance.👍

Et ben tu vas nous faire pleurer Gus je suis sensible à la famille le passage où Fabienne cours à côté de toi m'a humidifié les yeux.

Bravo belle expérience.

👍👍

Captain

Un grand Bravo à vous deux!

Pour ma part ce sera un trail plus court le 26/05 à Thoiry Reculet avec 31 km 1800D+.

a+ nico.

nico.

Bravo ! Respect !!